(07/09/2018) 200 anciennes décharges sauvages assainies en Suisse romande
La présence d’anciennes décharges sauvages en pleine nature est une triste et dangereuse réalité à laquelle s’est attaqué l’Institut suisse de Spéléologie et de Karstologie (ISSKA). Au cours des quinze dernières années, près de 200 gouffres et dolines ont été débarrassés des détritus qui y avaient été déversés. Cette action au long cours, organisée en collaboration avec les cantons, contribue à diminuer sensiblement les risques portés sur la qualité des eaux de sources le long de la chaîne du Jura et dans les Préalpes.
Entre 1950 et 1985 environ, l’usage voulait que les déchets ménagers, industriels et agricoles soient abandonnés dans les « creux » naturels présents dans les régions calcaires. Les « anciens » le confirment : toute dépression ou cavité située non loin d’une ferme ou d’un village servait de lieu de débarras pour les déchets dont on ne savait que faire.
Ainsi, frigos, vélomoteurs, voitures, batteries, piles, fûts aux restes douteux et souvent très polluants, sacs poubelles, pneus, moteurs divers, ferrailles de toutes sortes et (sans être exhaustifs…) déchets vétérinaires finissaient leur vie au fond des dolines ou gouffres.
La documentation réunie par la Société suisse de Spéléologie (SSS) indique la présence de plusieurs centaines de ces anciennes décharges souterraines, ceci dans toutes les régions karstiques de Suisse ; c’est-à-dire 20% du territoire suisse.
Selon l’adage “ loin des yeux, loin du cœur “, on pourrait considérer que, finalement, la présence de ces nombreuses décharges en pleine nature ne pose pas de souci particulier. Il faut se détromper : l’impact de ces décharges sauvages sur l’environnement est important et persistant. L’eau ruisselle directement sur les déchets et les composants parfois toxiques (métaux lourds, substances chimiques, hydrocarbures,…) vont affecter la qualité de l’eau de consommation.
Dès 2004, l’ISSKA a donc décidé d’entreprendre une action d’envergure nationale pour supprimer toutes cette menace sur l’environnement. Ainsi, ce sont près de 5000 m3 de déchets qui ont été ressortis du fond de 200 dolines et gouffres. Ces travaux ont concerné une soixantaine de communes situées dans différentes régions de Suisse romande : le Jura bernois, les Franches-Montagnes, les Montagnes neuchâteloises, l’ensemble du Jura vaudois, les Préalpes vaudoises et le Valais central.
Dès 2004, l’ISSKA a donc décidé d’entreprendre une action d’envergure nationale pour supprimer toutes cette menace sur l’environnement. Ainsi, ce sont près de 200 dolines et gouffres qui ont été libérés des déchets toxiques qui les encombraient. Ces travaux ont concerné une soixantaine de communes situées dans différentes régions de Suisse romande : le Jura bernois, les Franches-Montagnes, les Montagnes neuchâteloises, l’ensemble du Jura vaudois, les Préalpes vaudoises et le Valais central.
Dans le Jura vaudois, plusieurs dizaines de gouffres et de dolines ont aussi été nettoyés, comme par exemple ceux de la commune de Provence du fond desquels ont été extraits plusieurs centaines de mètres cube d’anciens détritus.
Toujours en collaboration étroite avec les autorités cantonales, une importante campagne de nettoyage a également été réalisée dans les Franches Montagnes où 750 m3 de détritus de toutes sortes (y compris des véhicules…) ont été ressortis de dolines se trouvant, pour certaines, dans des zones figurant à l’Inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels (IFP).
En Valais, on peut citer les 80m3 de déchets retirés de fissures situées entre Ayent et le barrage de Tseuzier, dans une zone de protection des eaux. Dans le Jura neuchâtelois, ce sont près de 60m3 de ferraille et autant de terre souillée aux hydrocarbures qui ont été récemment évacués de dolines situées dans une zone de protection des captages d’eau potable de la ville du Locle.
Cette année, une campagne de 10 semaines vient de s’achever dans le Jura bernois où ce sont près de 350m3 de détritus qui ont été extraits de quatre cavités situées entre Chasseral et la région de Tramelan.
Pour ces travaux, l’ISSKA recourt à des techniques empruntées à la fois au génie civil et à la spéléologie. Afin de limiter les coûts pour les collectivités publiques, cet institut engage des civilistes, lesquels peuvent ainsi mesurer concrètement ce que cela signifie que de retrousser ses manches pour agir au service de la société et de la nature. Les frais de ces opérations de dépollution sont couverts conjointement par la Confédération (au travers du fond OTAS pour l’assainissement des sites contaminés), les cantons et les communes. Il arrive aussi que des fondations privées contribuent également à couvrir les frais.
Si ces opérations de nettoyage permettent de supprimer des foyers de pollution, elles servent aussi, indirectement, à sensibiliser le public au fait que, désormais, les déchets doivent impérativement être recyclés par les filières mises en place ; des filières qui manquaient encore à l’époque où l’on s’en débarrassait de manière anarchique.
L’ISSKA va poursuivre son action dans les prochaines années, car il reste – malheureusement – de nombreuses cavités encore polluées dans plusieurs régions du pays. Pour ce faire, la mise en place de partenariats avec les autorités cantonales est souhaité.
Parallèlement à ces assainissements, l’ISSKA œuvre à la préservation des dolines (creux circulaires naturels typiques des régions calcaires). En effet, une nouvelle menace pèse sur ces formes géologiques particulières : leur comblement par des matériaux inertes pour les besoins de l’agriculture moderne. Si l’aplanissement des sols permet d’améliorer les conditions de récoltes de fourrages, cette modification du paysage naturel fait courir de nouveaux risques comme la perturbation des écoulements de l’eau de pluie dans le terrain ou l’augmentation de l’instabilité du terrain.
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